L’encre coule…

 #Bonheur au passé…#  

 

Quand j’eus enfilé mon châle, je me dirigeai vers la sortie. C’était fini. Tout l’espoir s’était envolé, comme un oiseau qui quitte son nid pour ne plus revenir. Si je franchissais cette porte, je ne pourrais plus changer d’avis. Jamais plus je ne verrai son visage. Ses yeux dorés qui s’étaient éteints depuis peu. Sa chaleur qu’il émanait de son corps, ses mots doux qu’il me chuchotait, plus rien ne serait comme avant. J’en tremblais encore. Mes mains froides ne parvenaient plus à se chauffer.  
   
Si je quittais cette pièce, je serai obligée d’effacer toute cette période qui fût heureuse un court instant de ma vie. Mais je ne m’en souciai plus. Pouvait-on vraiment me reprocher de vouloir tout quitter ?  
   
Dehors il faisait sombre. Seule la lune de son grand éclat parvenait à percer ce noir pesant. Les néons rouges et bleus se réfléchissaient dans les flaques d’eau me faisaient encore sombrer dans mes songes. Je repensais à ces journées ensoleillées où il m’emmenait dans les bois, il pensait toujours à prendre tout dont ce pouvais rêver. Il faisait l’impossible pour mon bonheur. Son dernier souhait était de me ramener la lune. Celle qui ce soir était étrangement grande. Elle était si belle, je l’enviais de sa blancheur si pure. La lune était chanceuse, elle avait le droit de traverser le ciel tout en épiant le moindre détail.  
   
Si seulement ce soir-là, si seulement j’avais pu épier … Si seulement à force de l’avoir observé, j’aurais pu connaître ses pensées secrètes. Cet astre connaissait les secrets de tous. Je m’en voulais de l’envier.   
Je continuai à marcher,  pressant mon pas. Je gardai les yeux dirigés vers le ciel, mais je ne pus observer les étoiles. Les nuages étaient si nombreux et épais, ils étouffaient ces lueurs.  
 De vagues souvenirs m’envahissaient… Je revoyais toute ma vie, je me ressassais chaque parcelle de mon existence, je me remémorait les erreurs que j’avais commises, celles sans qui aujourd’hui, je serai tellement mieux, je ne serais pas ici, le couteau à la main…  
Je continuai à m’égarer dans mes souvenirs. Je ne sus jamais déclarer mes sentiments, pourtant en sa présence tout était limpide. Quand il est parti, il a laissé en moi cette impression de vide. Je savais que plus jamais, je rirai aux éclats comme auparavant. Plus personne ne m’attendrait, à part mon chat. C’est bien le seul qui ne m’ait jamais laissé tomber. Je me sentais seule…si seule…  
   
J’aperçu un éclat sur ma joue. C’était la seule étoile qui trouait la couche des nuages. C’est à ce moment que je pris pour définitivement ma décision. Je ne pourrai pas reconstruire ma vie car la coupure fut trop soudaine. Je n’avais pas pu ma préparer pour surmonter cette étape de ma vie.  
   
Fatiguée, je m’entendis sur l’herbe humide et fraîche. Le brouillard était si dense qu’on ne pouvait voir le paysage qu’à travers un claque brumeux.  
   
J’observais les silhouettes qui se dessinaient et s’effaçaient quand le brumer se dissipait et se reformait.  
Je sentais l’humidité du soir qui s’installait. Un peu de fraîcheur sur mon visage …  
   
Le ciel grondait de plus en plus fort et devenait menaçant. C’était si beau, si magique. Mais la fatigue me gagnait, je levai mon bras, la lame au bout brillait… je levai l’autre bras, et là, je fis l’entaille… Des filets rouges commencèrent à couler, mes forces me quittaient… Je tremblais. Peu à peu, je me sentie entourée d’une vague de chaleur puis un air glacial m’enveloppa… Ma vue se brouilla, mes membres s’engourdirent, et je sombra.  

1 Response so far »

  1. 1

    huesoland said,

    N’hésitez pas à commenter ce texte, il est de ma plume 🙂
    J’essaie de progresser alors critiques CONSTRUCTIVES acceptées 🙂


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